SUITE :
Maintenant je vais essayer de vous relater ma petite expérience sur l’élevage des jeunes erismatures d’Argentine.
Comme je vous l’avais dit j’ai fait l’erreur de ne pas laisser les œufs assez longtemps dans le nichoir pour que la femelle se mette à couver (expérience au naturel que j’essaierai l’année prochaine si possible !). Donc j’ai fait un élevage artificiel.
J’avais souvent entendu dire que la couvaison des œufs d’érismatures par une poule ne fonctionnait pas bien. Mais ne pouvant pas quotidiennement contrôler l’incubation, à cause de mon emploi du temps, j’ai quand même pris le risque de le faire par une poule soie.
J’ai mis les œufs de la première ponte sous une poule le 20 juillet. Je pense que ce fut une erreur car à mon avis les 6 œufs faisaient beaucoup pour une seule poule soie. Bon je vous accorde qu’une femelle erismature est plus petite qu’une poule soie, mais le résultat ne fut pas là. Le bilan fut 5 œufs fécondés (1 clair) et seulement 2 naissances (3 morts en cours d’incubation). Je pense que la poule bouge énormément les œufs et qu’ils se retrouvaient souvent en périphérie donc trop refroidis. Il faut dire que ceux d’une érismature d’Argentine sont beaucoup plus gros que ceux d’une poule soie.
Après avoir placé les œufs le 10 aout en éclosoir, le premier caneton est né le 12 aout (après 23 jours d’incubation) et le deuxième le lendemain (après 24 jours).
Bon maintenant je ne vous explique pas l’angoisse. Comment allais je procéder pour les faire manger ? Chose assez difficile aux dires des expériences d’éleveurs d’erismatures.
J’avais en cette période des hottentotes d’une semaine. Je me suis dit que ça allait me faciliter la tâche en montrant aux erismatures comment se nourrir. Donc j’installais mon éleveuse à bacs que j’utilise pour l’élevage des harles couronnés. Je ne mis qu’un seul bac à eau et délimitais une petite surface pour que les canetons restent bien sous la lampe chauffante. On m’avait dit que les erismatures avaient besoin de beaucoup de chaleur (chose que je confirme), donc je mis deux lampes : une sur le bac à eau et une autre sur la partie hors eau. Et je remplissais le bac d’eau tiède.
Après 24 heures de séchage en éclosoir me voilà avec mes deux erismatures d’Argentine et mes deux hottentotes dans l’éleveuse avec comme nourriture : du micro floating dans l’eau, et une coupelle remplie d’un mélange de semoulette et de micro. Evidemment pour ceux qui me connaissent un peu, je refusais de mettre des vers de farine comme nourriture ou pour les stimuler à manger !!
Bon la cohabitation avec les hottentotes fut assez difficile car ces dernières sont des canetons très stressés et très agités, tout le contraire des argentines. Finalement les hottentotes stressaient plus les argentines qu’elles ne les aidaient à s’alimenter. Je pense qu’il faut choisir des canetons très calmes pour que cette méthode fonctionne. De plus au bout de quelques jours je me suis aperçu qu’une hottentote boitait beaucoup dut à l’excès de protéines de la nourriture. Donc je pris la décision de séparer les hottentotes des argentines.

Et là j’ai appliqué ma bonne vieille méthode, c’est à dire les stimuler en bougeant le nourriture avec les mains. Je les forçais aussi à aller dans l’eau car il faut savoir que même si les érismatures d’Argentine ne vont pas spécialement plus dans l’eau qu’un autre caneton, elles ne s’alimentent que dans l’eau (en tout cas les premiers temps). Souvent elles restent au bord du bac au sec et mangent le micro en surface de l’eau. Je dus également retirer la lampe qui était au dessus du bac, car avec le micro et la chaleur l’eau virait très vite.

Il ne restait plus que la lampe au dessus de la partie sèche. Il y avait une serviette et du linge blanc sur cette partie sèche, les canetons n’ont jamais été sur grillage les premiers jours. Ce qui oblige quotidiennement de changer l’eau et la serviette pour assurer une bonne hygiène. Les premiers temps je jetais régulièrement sur les erismatures du micro et de la semoulette. Je me disais que (comme pour les autres canetons quand elles allaient se nettoyer elles en mangeraient un peu.
Elles se mirent à manger régulièrement en notre présence. Ouf !!! Je dis en « notre présence » car quand le micro est depuis un moment sur l’eau, elles n’y touchaient plus. Elles doivent en manger un peu quand même, mais c’est clair qu’elles préfèrent celui qui est tout juste mis sur l’eau.
Malheureusement le deuxième caneton mourût à 8 jours le 21 aout. En fait il s’alimentait bien mais avait un problème de déglutition. A chaque fois qu’il mangeait il restait un moment bec en haut et essayait de déglutir ce qu’il avait pris sur l’eau. Il n’avait pas de problème d’étanchéité et séchait très bien sous la lampe. A part ce problème je ne remarquai rien d’autre et je ne sais pas bien de quoi il a pu mourir. (Suite aux derniers évènements de novembre je pense finalement qu’il était atteint de syngames)
Me voilà avec un seul caneton et avec l’impossibilité de le mettre avec les hottentotes qui ne supportaient pas l’alimentation trop protéinée. Donc nous fûmes obligés d’essayer de l’élever seul. Nous passâmes beaucoup de temps avec lui (enfin surtout Mamy Jorge !) et il devient très familier avec nous. Il continua à manger, la solitude ne sembla pas lui poser de problème.
J’ai remarqué qu’il ne touchait pas à la coupelle remplie du mélange micro - semoulette. Sur le coup je me suis dit qu’il ne voulait pas manger du « sec ». On me conseilla de mettre la coupelle à proximité de l’eau. Et là il se mit à manger dans la coupelle, je pense qu’il pioche dedans et qu’il fait tremper la nourriture dans l’eau. Finalement si la coupelle est trop loin de l’eau il n’y touche pas, mais si elle est proche de l’eau il se sert dedans.
Il grossissait bien et nous pûmes le baguer avec une bague de 10 à un peu plus de deux semaines. Le sexage relava un mâle. (Attention aux sexage je raconterai ça dans un prochain épisode ;-))
Pendant ce temps, il y avait encore 6 œufs (de la deuxième ponte) depuis le 15 aout sous deux poules soies (elles avaient chacune 3 œufs). 5 œufs furent mis en éclosoir le 5 septembre (1 était clair). Le bilan est meilleur : 4 naissances mais plus étalées dans le temps :
- deux sont nés le 7 septembre (23 jours d’incubation),
- un le 8 septembre (24 jours d’incubation),
- un le 9 septembre (25 jours d’incubation),
- un mort dans l’oeuf.
Malheureusement je n’ai pas pensé à différencier les œufs selon la poule qui les a couvés, car je suis persuadé que ça explique le décalage des naissances. Je trouve que le résultat est nettement meilleur que la première incubation avec une seule poule. Je suis persuadé que j’aurai eu de meilleurs résultats avec la première ponte si je n’avais pas mis tous les œufs dans le même panier, euh non je voulais dire si je n’avais pas mis tous les œufs sous la même poule.
Mais maintenant j’étais bien ennuyé car je n’ai qu’une éleveuse équipée de bacs. Et elle était déjà utilisée par le premier caneton. Alors je pris la décision de mettre les nouveaux nés (après 24 heures de séchage donc en décalage) avec leur grand frère dans tous les sens du terme !!! La différence de taille était flagrante !!! Malgré beaucoup d’appréhension le grand frère les accepta immédiatement. Les plus petits le suivaient et ils dormaient tous ensemble.

En revanche nous avions remarqué qu’un caneton ne se nourrissait pas. Nous le forcions à aller dans l’eau pour voir s’il se nourrissait mais il ressortait immédiatement. Il avait l’aspect mouillé et n’était pas étanche certainement dut au fait qu’il ne s’alimentait pas. A 7 jours la différence de taille était énorme. Il avait toujours sa taille de caneton tout juste sortie de l’œuf, alors que les autres faisaient quasi le double en poids et en taille. A contre cœur je pris la décision de le gaver un peu le soir du 14 septembre. En le prenant je n’avais guère d’espoir car en main il était rachitique. Malheureusement nous l’avons retrouvé mort le 15 septembre au matin.
Coté nourriture, nous avons progressivement passé de la semoulette à du granulé 2ème âge, et ajouté au micro floating du allround surtout pour le grand frère qui le préférait certainement à cause de la taille.
Même en agrandissant l’éleveuse en surface, elle devenait trop petite pour le tout premier né.
Alors profitant des beaux jours fin septembre, nous le mettons dehors dans un parc entièrement clos d’environ 10m2 avec un bassin d’un peu plus de 2mx1m et environ 40 cm de profondeur. Le spectacle était assez drôle car il ne savait pas plonger et il lui fallut plusieurs essais pour assister à de vrais plongeons dignes d’une érismature. Nous lui avions mis à disposition une coupelle d’un mélange floating allround et granulé entretien. Nous jettions aussi quotidiennement du floating sur l’eau. Mais il se nourrit principalement dans la coupelle et occasionnellement sur l’eau (surtout quand nous sommes avec lui dans le parc). Il a très bien encore vécu la solitude et s’acclimata très bien aux températures extérieures.


Une semaine après sa sortie, grosse frayeur!!! Le jeune ne se trouve plus dans son parc. La prédation du ciel n’était pas envisageable car nous avions mis un filet au dessus du parc. Alors sur le coup nous pensions à une noyade, mais rien non plus dans le bassin. Après plusieurs recherches nous l’avons retrouvé « tout fier » auprès de sa mère et des autres canards. Il était très à l’aise parmi les autres occupants du parc.
Du coup nous l’avons laissé en prenant la précaution les premiers jours de jeter du floating régulièrement. Puis on s’est dit qu’il allait bien finir par suivre ses parents ou du moins sa mère aux mangeoires (sa mère l’a tout de suite pris plus au moins en charge !). A priori chose faite car à pour l’instant il va très bien.
Les autres canetons sont à ce jour (16 octobre) toujours en éleveuse. Nous avons pu les baguer (2 mâles et une femelle), mais j’ai l’impression qu’ils grandissent moins vite que leur grand frère. Surtout la femelle qui à un mois perdait encore sa bague.
Les deux mâles commencent à bien être plumés et la femelle (plus petite en taille) n’a des tubes de plumes qu’au niveau des ailes. Je ne sais toujours pas comment je vais faire pour les acclimater aux températures de ces derniers jours.
Voilà pour l’instant ce que je peux partager avec vous sur l’élevage des canetons d’érismatures d’Argentine.
La suite une prochaine fois !